- HÔTEL-DIEU
- HÔTEL-DIEUHÔTEL-DIEUTerme générique qui s’est imposé à partir de la fin du Moyen Âge pour désigner l’hôpital principal de nombreuses villes. À l’origine, il est malaisé de distinguer les hôtels-Dieu des hospices et des hôpitaux. Il semble cependant qu’on ait voulu désigner ainsi les établissements charitables fondés et contrôlés par les évêques, représentants par excellence de l’Église, de ceux qui le furent par les couvents ou les laïcs. L’hôtel-Dieu, placé près de la cathédrale et administré par le chapitre, se trouvait ainsi normalement dans une cité.À l’origine, il accueillait toutes les infortunes: pèlerins, pauvres, vieillards impotents, malades. Mais, peu à peu, la création de nouveaux établissements dans la ville permit une certaine spécialisation: l’hôtel-Dieu, fermé aux pèlerins, se réserva la plupart des malades.Cependant, les soins s’adressaient davantage à l’âme qu’au corps, d’où l’importance donnée à la confession, à la communion des malades et à leur assistance aux offices: la grande salle commune était souvent une véritable chapelle (hôtel-Dieu de Beaune). La technique médicale est reléguée au second plan: sirops, saignées ou bains. Ce n’est qu’au XIVe siècle et dans les grands hôpitaux qu’apparaissent des médecins et des barbiers (alors chirurgiens) attachés à demeure. Les malades, sauf les plus gravement atteints, sont entassés à trois ou quatre par lit, au mépris de la contagion. L’hôtel-Dieu forme ainsi un dangereux foyer d’infection au cœur de la ville.Le personnel est plus nombreux que dans les autres établissements. Frères et sœurs, engagés au service du Christ et suivant en général la règle de saint Augustin, forment une communauté religieuse qui se trouve parfois rattachée à des instituts desservant plusieurs hôtels-Dieu. Souvent ils administrent aussi le patrimoine de l’établissement.Les hôtels-Dieu les plus célèbres sont, en France, ceux de Beaune et de Paris. Il semble que l’on puisse comparer leur âge d’or et leur aire d’extension à ceux de l’art gothique.• v. 1250 « maison de Dieu »; de hôtel et Dieu♦ Hôpital principal de certaines villes. Des hôtels-Dieu. Absolt L'Hôtel-Dieu, celui de Paris.hôtel-Dieu [otɛldjø; ɔtɛldjø] n. m.ÉTYM. V. 1250, hostel « maison de Dieu »; de hôtel (5.), et Dieu, avec la syntaxe ancienne (mod. « hôtel de Dieu »).❖♦ Anciennt ou dans une dénomination. Hôpital principal (de certaines villes). || L'Hôtel-Dieu de Beaune. ⇒ Hospice. || Des hôtels-Dieu. Absolt. || L'Hôtel-Dieu : l'un des grands hôpitaux de Paris.1 Vous avez dans Paris un Hôtel-Dieu où règne une contagion éternelle, où les malades, entassés les uns sur les autres, se donnent réciproquement la peste et la mort.Voltaire, Lettre à Paulet, 3320, 22 avr. 1768.1.1 (…) par elle l'Hôtel-Dieu sera réformé, par elle disparaîtront ces lits où étaient entassés huit hommes, où la maladie, l'agonie, la mort couchaient ensemble sous le même drap !Ed. et J. de Goncourt, la Femme au XVIIIe s., t. II, p. 188.2 Nous allons recevoir des blessés civils (…) Quand l'Hôtel-Dieu sera comble, nous serons bien forcés de trouver quelque bâtisse où loger tous ces malheureux.G. Duhamel, Récits des temps de guerre, III, II.
Encyclopédie Universelle. 2012.